La photographie de nuit - L'obscurité est votre alliée

Pour un photographe débutant, le manque de lumière est généralement perçu comme un gros problème. Les photos sont bruitées, floues, la profondeur de champ est insuffisante, etc. En somme, on a du mal à faire de belles photos quand on manque de lumière. Rassurez-vous, c’est normal, je suis moi aussi passé par là ! Dans ce billet, je vais vous expliquer comment gérer ce manque de lumière et même l’exploiter pour faire de magnifiques photos de nuit !

ISO 100, f/16, 10s, Sigma 18-35 f/1.8 ART à 18 mm, Canon 550D

 

D’où viennent ces problèmes : un petit rappel

Avant de commencer, vous devez comprendre et maîtriser l’exposition (si ce n’est pas le cas, je vous invite à consulter mes articles sur le sujet). D’où viennent donc ces problèmes ?

 

Ne plus rater sa mise au point en basse lumière

La mise au point automatique de nos APN (appareil photo numérique) se montre souvent capricieuse de nuit. Ce n’est pas parce que votre appareil photo à peur du noir, mais simplement parce que tous les systèmes autofocus ont besoin de lumière et de contraste pour fonctionner. Deux astuces pour pallier ce problème :

  1. Lorsque vous faites votre mise au point, placez votre collimateur actif sur un élément lumineux et contrasté.

  2. Si la première astuce ne fonctionne pas ou si elle n’est pas adaptée à la situation, vous pouvez basculer en liveview afin d’effectuer un zoom numérique X 5 ou X 10 pour faire une mise au point manuelle.

 

Deux cas de figure

Comme tout est lié en photographie (rappelez-vous du triangle de l’exposition), on ne peut pas s’intéresser à chaque point séparément, nous allons donc diviser l’ensemble en deux cas de figure :

a) Sujets statiques

Si vous photographiez un sujet statique tel qu’un bâtiment ou un paysage, obtenir un bon résultat de nuit est extrêmement simple. Il suffit de poser son appareil photo sur un mur, au sol ou mieux encore, d’utiliser un trépied. De cette manière, vous pourrez bloquer votre sensibilité ISO (en mode Av, Tv ou M) au minimum et ainsi éliminer le bruit de vos images.

Note : en réalité, il y a toujours du bruit dans une photographie, et ce, même à ISO 100, mais lorsque l’on fait rentrer beaucoup de lumière et que l'on utilise des sensibilités ISO très basses, il n'a rien de gênant. 

Puisque votre trépied (ou muret) ne bouge pas, vous n’aurez pas de problèmes de flou de bougé non plus (votre trépied ne boit pas de café lui !). Concernant la profondeur de champ, vous pouvez choisir l’ouverture que vous voulez, puisque vous ne serez plus limité à des vitesses d’obturation élevées.

Si vous avez suivi mes explications jusqu’ici, vous avez sans doute compris que vu le manque de lumière, vous allez généralement utiliser des temps de pose longs allant d’une à plusieurs dizaines de secondes. 

Pour réaliser la photo suivante, j’ai attaché mon appareil à une barrière en utilisant un mini trépied (Gorillapod), j’ai mis mon appareil en mode priorité à l’ouverture (Av chez Canon, A chez les autres), j’ai bloqué la sensibilité ISO à 100 et réglé l’ouverture de manière à obtenir le temps de pose que je voulais, soit 30 secondes dans cette situation. En procédant de cette manière, j’ai obtenu une photographie de très bonne qualité et le temps de pose élevé à lissé l’eau.

ISO 100, f/16, 30s, Canon 17-40 f/4 L à 40 mm, Canon 6D

b) Sujets mobiles

Le cas des sujets mobiles est un peu plus complexe puisqu’on ne peut pas faire de poses longues en photographie de portraits. En effet, les humains respirent et bougent donc constamment (si ce n’est pas le cas, il s’agit sans doute d’un cyborg). Vu qu’il n’y a pas de solution simple pour gérer cette situation voici une petite liste de possibilités et d’astuces :

  1. Approchez votre sujet d’une source de lumière : déplacez-vous et votre sujet dans tous les sens de manière à avoir le plus de lumière possible (ce qui aura pour effet de réduire la sensibilité ISO utilisée et d’augmenter la vitesse d’obturation).

  2. Si vous utilisez un zoom à ouverture variable, utilisez la longueur focale la plus courte de celui-ci et son ouverture maximale. Sur un 18-55 par exemple, à 18 mm et f/3.5 vous laissez rentrer plus de deux fois plus de lumière qu’à 55 mm f/5.6 ; de plus grâce à une plus petite longueur focale vous pouvez utiliser des vitesses d’obturation plus lentes.

  3. Utilisez un objectif à grande ouverture comme un 50 mm f/1.8

  4. Utilisez une vitesse d’obturation lente (si votre sujet ne se déplace pas et si votre objectif dispose de la stabilisation). Exemple : avec un peu de pratique, on peut obtenir des images nettes à 1/25s avec un 200 mm stabilisé, ce qui permet de gagner trois stops par rapport à une vitesse d’obturation de 1/200s et ainsi passer d'ISO 6400 à ISO 800.

  5. Réglez votre exposition correctement sur le terrain : généralement, augmenter l’exposition d’un cliché en post-traitement génère plus de bruit que si vous utilisez la bonne sensibilité ISO au moment de la prise de vue.

  6. Utilisez un flash cobra : utilisez du bounce flash ou déportez votre flash (j’écrirai un article dédié aux techniques au flash dans un futur proche).

  7. Bouchez les ombres : de nuit, il est parfois plus intéressant de sous-exposer son cliché afin d’avoir des zones totalement noires et de ne faire apparaître que des silhouettes plutôt que de s’efforcer à exposer normalement son image.

 

Conclusion

N’ayez plus peur du noir ! Plutôt que de voir l’obscurité comme un frein, essayez d’utiliser les techniques et astuces décrites dans cet article pour en faire votre allié. On peut facilement faire de très belles photos de nuit avec des rendus intéressants et uniques. De plus, il s’agit d’un excellent moyen de tester votre maîtrise de l’exposition et des bases de la photographie ! J’espère que cet article vous aura plu et que vous allez commencer à aimer la photographie de nuit. N’hésitez pas à me poser des questions et à commenter l’article. Bonne photo et à bientôt !

Sources

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